La Collection « Que sais-je ? » (9)
Aux sources de la Nationale-Anarchie : l’Ukraine (1b)
Rappel des 8 premiers N° :
La Collection « Que sais-je ? »
N° 2580 : http://poilagratter.over-blog.net/article-les-anarchistes-de-droite-105137030.html
N° 2846 : http://poilagratter.over-blog.net/article-la-mitteleuropa-107674368.html
N° 2394 : http://poilagratter.over-blog.net/article-lyssenko-et-le-lyssenkisme-110743821.html
N° 3346 : http://antiintox.canalblog.com/archives/2013/08/18/27834394.html (la Patrie)
N° 2196 : http://antiintox.canalblog.com/archives/2013/08/19/27834404.html (L'Occupation allemande)
N° 645 : Les Etrusques : http://antiintox.canalblog.com/archives/2013/09/20/28051228.html
N° 269 : La Bourgeoisie : http://antiintox.canalblog.com/archives/2013/10/15/28181993.html
http://antiintox.canalblog.com/archives/2013/10/21/28225944.html
http://antiintox.canalblog.com/archives/2014/04/24/29727618.html
N° 718 : Les Berbères : http://antiintox.canalblog.com/archives/2014/02/17/29203659.html
Aujourd’hui, le N°3371 : L’ « Ukraine » par Olivier de Laroussilhe.
Bien évidemment, après le 1er N° sur les origines ukrainiennes de la NA (http://antiintox.canalblog.com/archives/2014/08/20/30445498.html), nos articles (et relations) sur Femen (et y’en aura d’autres), ce passage obligé par la série des PUF se devait d’être.
Il nous importait de voir si l’auteur confirmait notre analyse qu’il n’y a pas 2 Ukraines, comme l’avance les agents du Système (1 pro-UE, 1 pro-russe), la bonne vieille vision binaire (les bons et les méchants) qui est celle du Système et celle, la même, mais inversée, qui est celle des faux anti-Système et qui est partagée par les 2 Fronts (le National et le de Gauche) qui sont au moins d’accord sur une chose mais qui n’est pas ce que l’on avait demandé dans ces pétitions : http://11114.lapetition.be/, http://www.mesopinions.com/Lettre-ouverte-a-Marine-Le-Pen-et-a-Jean-Luc-Melenchon-petition-petitions-a82a584ddcfdef1cf30469343263766e.html
Pour nous, il existe 3 si ce n’est 4 Ukraines. Il y a l’Est et l’Ouest (celles et les seules dont parle le Système et ses miroirs des Fronts NATIONAL et de GAUCHE)… de la province de la Russie des Tsars et de l’URSS…. plus la Galicie ukrainienne (Autriche), la Ruthénie (Hongrie) et la Bukovine du Nord (Autriche) de l’ancienne Autriche-Hongrie…
En rose sur la carte.
…qui furent partagées entre Polonais et Roumains en 1919-23 auxquelles on peut rajouter le Sud libéré des Turcs par Potemkine sous le règne de Catherine II et qui se compose de la Tauride, peuplée d’ukrainiens et la Crimée où les Tatars musulmans qui s’entendaient bien avec les ukrainiens arrivés lorsque Khrouchtchev en fit une province ukrainienne, ne voient pas vraiment avec plaisir les popov y revenir.
L’auteur commence par une comparaison avec l’Irlande par rapport à l’Angleterre ; et rappelle qu’avant les Tsars, qu’avant l’invasion mongole, la Russie… c’était l’Ukraine ; comme la Bretagne d’avant Rome (l’Angleterre d’aujourd’hui) et les Grandes Invasions qui ont suivies est aujourd’hui en Irlande et en Bretagne (ex-Armorique).
Moi, je fais plutôt le parallèle avec la Yougoslavie. La Croatie, ex-hongroise et la Slovénie, ex-autrichienne de l’Autriche-Hongrie d’une part ; et l’ensemble Serbie-Monténégro-Macédoine ex-Turc d’autre part. La principale différence est que le moteur du nationalisme yougoslave est la Serbie ex-turque alors qu’en Ukraine, le moteur du nationalisme est L’viv en Galicie ex-autrichienne. Au plan industriel, c’est le même contraire avec la Slovénie ex-autrichienne en pointe pour l’ex-Yougoslavie et le Donbass à forte minorité russe pour l’Ukraine. On y retrouve aussi, pour l’Ukraine de l’Ouest et la Croatie-Slovénie, valeur commune partagée aussi avec Pologne du Sud, Tchéquie et Slovaquie ; le même héritage austro-hongrois et le rôle de liens culturels joués par les Juifs, ce que les allemands ne sauront faire, pas plus que les russes.
Même chose pour la religion où l’Autriche et la Pologne apportent le catholicisme en Croatie et Ouest-Ukraine alors que Serbes et le reste de l’Ukraine restent fidèles à l’orthodoxie apportée par Byzance.
882-1240 : La Russie, capitale Kiev, c’est… l’Ukraine.
1240-1340 : Occupation et désolation mongole
1340-1569 : Période lithuanienne où se crée une paysannerie libre.
1569-1648 : Occupation polonaise marquée par la trahison des élites, haute-aristocratie comme haut-clergé, qui se convertit au catholicisme. Un fait marquant de l’Histoire ukrainienne qui perdure aujourd’hui encore où le Peuple devra se prendre en main lui-même pour continuer à exister. Alors qu’à l’ouest, le servage remplace la paysannerie libre ; au nord, se créer la nouvelle Russie autour de Moscou et Novgorod, à l’est apparaissent une nouvelle sorte de paysans libres : les Cosaques, des communautés dont les règles, lois, us et coutumes sont d’autres sources de la National-Anarchie dont nous parlerons ultérieurement ; et au sud c’est l’occupation ottomane qui détruit les riches colonies grecquo-byzantines devenus presque aussi italiennes avec les comptoirs de Gênes et de Venise.
On note au passage, la date de 1051 qui est la 1ère de la relation entre la France et l’Ukraine avec le mariage d’Anne de Kiev avec Henri 1er, Roi de France.
Notons aussi que la destruction du Khanat des Khazars (arrivé en 679 puis Khanat 913-969 détruit par les Varègues), seule nation a s’être convertie au judaïsme avec une tribu éthiopienne (les Falachas), répand cette population (qui s’appellera Ashkénaze) de l’Est jusqu’à l’Occident où elle va jouer un rôle important jusqu’à sa destruction par Hitler et l’exode des survivants en Israël. C’est effectivement dans l’ensemble polono-lithuanien, et notamment l’Ukraine voisine, que nombre d’entre-eux trouvent refuge initialement, et vont y rester pour beaucoup jusqu’à l’Holocauste.
1648-1667 : Révolte Cosaque qui échoue après s’être alliée alternativement à ses puissants voisins, Tatars compris. L’Ukraine est alors partagée entre Pologne et Russie. L’Histoire européenne d’alors ignore complètement l’Ukraine… sauf Voltaire qui écrira : « Elle se mit d’abord sous la protection de la Pologne qui la traita trop en sujette ; elle se donna ensuite au Moscovite qui la gouverna en esclave. »
Et cela dura jusqu’en 1991 ! Et c’est pas fini, car le russe (Poutine) ne veut pas lâcher prise.
Avec les partages de la Pologne (1772, 1793, 1795), l’Ukraine polonaise (moins les Galicie et Ruthénie qui deviennent autrichienne), Polésie, Podolie, Volhynie devient russe et Catherine II y impose le servage inconnu sur ces terre libres au moment même où il disparaît en Europe. Catherine y introduit aussi une forte colonisation allemande, qui eux, sont libres.
Car la grande différence qui est et restera entre l’ukrainien et le russe, est que l’un est et restera profondément attaché à sa liberté contrairement au russe qui restera toujours soumis dans sa nature, avant-hier au Tsar, hier à Staline, aujourd’hui à Poutine.
La Liberté ukrainienne prendra différente forme mais sera TOUJOURS essentiellement individuelle que cela soit chez les Cosaques où dans les différents mouvements d’Ukraine occidentale. En cela, l’ukrainien est naturellement et historiquement un anarchiste national.
Dès l’annexion, ce ne sera que révoltes, les plus célèbres étant celles de Mazeppa (1708) et de Pougatchev (1773).
La majorité de l’équipage du cuirassé Potemkine (1905) était ukrainienne. Et on pourrait en citer beaucoup d’autres.
Maintenant, on va suivre la chronologie de l’auteur pour la courte mais dense période de la révolution et la 1ère Indépendance ukrainienne :
17/3/1917 : dès la chute du Tsar (février) se créer une Rada (Conseil National) présidée par Hruchevski à Kiev. En mai l’autonomie est proclamée. En juin, les paysans s’y joignent ; c’est officiel le 10/6 et le 3/7 le gouvernement de Petrograd le reconnaît.
8/1917 : les paysans s’approprient les terres des grands propriétaires, ce qui provoque le rapprochement des bolchos russes et ukrainiens et la radicalisation de Makhno.
C’est là que se produit la Révolution d’Octobre à Petrograd. Lénine est d’abord favorable à l’indépendance des nationalités. Le 22/11/1917, la Rada proclame la République. En représailles les bolchos proclament leur République à Kharkov en 12/1917. Le 4/1/1918, les bolchos russes envahissent l’Ukraine. Le 9/1/1918, la Rada proclame l’Indépendance. Hruchevski en devient le 1er Président et Petlioura assure la direction (ou plutôt l’improvisation) de l’Armée.
9/2/1918 : les bolchos prennent Kiev et la mette à sac. Dans le même temps, l’Ukraine doit accepter aussi le traité de Brest-Litovsk que les Empires Centraux imposent à la Russie et demandent l’aide allemande. Les Empires Centraux acceptent en échange de la livraison de blé (c’est la famine en Allemagne causée par le blocus allié) et le 3/3/1918, les troupes austro-allemandes chassent les bolchos de Kiev.
Se créé alors un Etat militaire cosaque ukrainien sous l’hetman Skoropadski jusqu’à la capitulation austro-allemande de 11/1918. Les cavaleries bavaroises et hongroises s’avancent même jusqu’à Bakou. Les allemands s’emparent de la flotte de la Mer Noire qui ne garda le pavillon ukrainien que bien peu de temps.
Suite à l’armistice, Vinnichenko et les paysans provoquent un coup d’Etat soutenus par les bolchos qui en profitent pour faire… ce que Poutine fait aujourd’hui, la sécession du Donbass, République du Krivoï-Rog dont on vous a déjà parlé. Le départ des austro-allemands suite à l’armistice permet à Petlioura de reprendre Kiev.
Octobre 1918, en Galicie à Lvov se créé la république d’Ukraine occidentale et s’unira à celle de Kiev en 1/1919. Mais les bolchos repartent à l’attaque (communistes ukrainiens et russes) tandis que Makhno se livre au pillage. Les Blancs aussi reprennent du poil et y rajoutent des pogroms, nombre de commissaires politiques bolchos étant juifs. Le 18/5/1919 la république bolcho ukrainienne se reforme à Kharkov après la reprise de Kiev en février. Les cosaques se soulèvent, les paysans aussi. Les polonais de Galicie occidentale envahissent la Galicie orientale ukrainienne… et vont plus loin, mais Petlioura bat successivement bolchos et polonais et reprend Kiev en 8/1919. Pas pour longtemps, car c’est alors que Denikine et ses Blancs prennent Kiev à leur tour à l’automne soutenus par la France qui a débarquée 40.000 hommes à Odessa, Kherson et en Crimée en 12/1918. Makhno (40.000 h aussi) s’allie alors aux bolchos et tombe dans le dos de Petlioura. En 4-5/1920, les polonais en profitent pour repartir à l’attaque et prennent Kiev (7/5). Les bolchos reviennent alors et en 12/1919 recréé pour la 3ème fois une république bolcho ukrainienne. En 6/1920, ils reprennent Kiev. Ils reprennent aussi la Crimée avec l’aide de Makhno… qui est ensuite écrasé par ses alliés et ce con s’embarque en abandonnant tout le monde avec les… Blancs de Wrangel et les français… qui évacuent avec leur flotte en train de se mutiner. Makhno finira ensuite sa vie à Paris où il deviendra une légende pour les bobos anars parisiens, mais en n’ayant pas laissée de bons souvenir dans sa terre natale.
Ensuite les bolchos se retournent contre les polonais où une mission française dirigée par Weygand et son adjoint, un certain De Gaulle, les aident à les battre sur la Vistule devant Varsovie. Les polonais reviennent alors et finissent par annexer Galicie, Volhynie et une bonne part de la Podolie (traité de Riga 1921). Le reste de l’Ukraine devient russe sauf la Bukovine du Nord qui devient roumaine et la Ruthénie qui revient à la Tchécoslovaquie.
Avec la création de l’URSS (1924), se créé la RSS d’Ukraine ; mais dès cette époque se créé un mouvement de résistance politique indépendantiste à Lvov sous occupation polonaise.
Le pays est ruiné, exsangue ; Kiev, ville martyr, a été prise et reprise pas moins de 16 fois avec toutes les atrocités qui vont avec.
Suite au prochain N°…
Hruchevski
Skoropadski
Petlioura
Vinnichenko
Wrangel