Des nécessaires lois sur l'hygiène au black-out sexuel
Paris, 1828 : Dans les ruelles étroites de la grande ville, le caniveau se trouve au milieu de la rue contrairement à aujourd'hui où il est sur les côtés et percé de dévidoir vers les égouts juste en dessous.
Ce caniveau unique et central n'est pas relié à des égouts qui n'existent pas encore. Ce caniveau charrie aussi les excréments des riverains car il n'y a pas de WC dans les immeubles (ni dans les appartements, ni sur le palier) au fait c'est quoi les WC ? à cette époque, on ignore même ce que c'est.
C'est la pluie qui se charge du nettoyage par écoulement vers les grands axes puis vers la Seine.
Les gens, hommes, femmes, enfants font leurs "besoins" dans la rue, sur le caniveau qu'il y ait du monde qui circule ou non, et ce quelque soit l'heure, sans paravent, aux yeux et à la vue de tous, sans que personne n'y trouve quelque chose à dire ni n'y voit un quelconque problème.
Tout simplement parce qu'il n'y pas d'autres façons de faire, ni d'autres solutions, et parce que l'on à toujours fait comme cela aussi loin que l'on puisse remonter dans le temps.
La chose est même jugée très pratique car le caniveau au milieu permet aux roues des charrettes, carrioles, carrosses de passer de chaque côtés du caniveau et aux chevaux ou autres animaux de traits de faire aussi leurs besoins dans le caniveau.
Inutile de dire la puanteur qui caractérise les villes ! Ceci dit, cela n'est guère pire que l'odeur d'une ferme et de ses animaux.
Par endroits, on trouve aussi des gens en train de faire l'amour, la femme adossée contre un mur et cela aussi sans paravent, qu'il y ait de la circulation ou non, aux yeux et à la vue de tous.
Comme pour les "besoins", c'est la nature et il n'y a pas de raisons de se cacher pour cela.
Après une époque de frénésie sexuelle et de découverte du corps, des sciences qui caractérise le XVIIIème siècle et qui va culminer sous la Révolution dans une orgie permanente et se poursuivre sous l'Empire (on aura même comme Impératrice une "reine" des nuits parisiennes) ; la France (et le Monde) rentre dans une époque sexuelle-répressive.
La Queen Victoria devient Reine de l'Empire britannique, l'Empire le plus puissant et le plus grand que le monde ait jamais connu.
Un certain nombre de choses vont caractériser ce monde qui rentre dans la révolution industrielle :
1. L'introduction des premières règles d'hygiène qui se généralisent avec le développement des égouts, des sanitaires, d'abord sur le palier puis dans les appartements, puis l'arrivée de la salle de bains. On ne s'en plaindra pas.
2. Parallèlement, de façon inversement proportionnelle, l'irruption d'une morale sexuelle nouvelle et différente de celle de la religion (bien qu'elle lui soit lié) car d'origine civile, qui va en s'amplifiant au fur et à mesure de l'extension de ces règles d'hygiène. Et cela est beaucoup plus discutable. L'imposition de l'uniforme civil qu'est le costume-cravate en est l'expression symbolique la plus visible. Il y a-t-il un rapport ou est-ce pure coïncidence ? Aux historiens d'y répondre...
3. La généralisation mondiale de tout cela, au reste de l'Europe et aux jeunes USA d'abord, au Japon ensuite ou cela est remarquablement accueilli du fait du caractère profondément sexuel-répressif de la tradition japonaise, puis au reste du Monde ensuite avec l'explosion impérialiste du colonialisme.
4. L'apparition de la résidence individuelle.
On a du mal à imaginer aujourd'hui à quel point la vie à changée lors des 2 derniers tiers du XIXème siècle.
Mais ce n'est pas terminé.
Les gens d'origine immigrée qui arrivent aujourd'hui dans nos pays et se retrouvent dans les sombres banlieues dortoirs sont totalement surpris par cette façon de vivre. A partir de 20-21 heures, même avant, tout est fermé. C'est un véritable black-out, et l'on se surprend presque à comprendre ces jeunes qui ne savent pas quoi faire, (les rares lieux d'ouvert dans les grandes villes sont chers ou (et) réservés aux costard-cravates) et brûlent des voitures. Dans leurs pays d'origine, tout est ouvert toute la nuit. On a même tendance à vivre plus particulièrement et plus intensément la nuit. Imaginez leur déception lors de leur arrivée dans notre "Eldorado".
L'origine de ce black-out (et nous allons voir qu'il porte bien son nom) est plus récente.
Cela commence avec la première Guerre Mondiale et les raids nocturnes des Zeppelins et autres Gothas.
En outre, beaucoup d'hommes étant au front, il y a moins de clients et moralement ce ne serait pas très bien vu de voir les femmes sortir le soir pendant que leurs maris sont à la guerre.
Ces mesures limitées dans le temps et dans l'espace (vu le rayon d'action limité des bombardiers de l'époque) sont pour parties rapportées en 1919.
Puis vint la seconde Guerre Mondiale et un premier paquet de lois est voté en 1939. Ces lois sont encore en vigueur alors que Heinkel et Dornier ont depuis longtemps quitté nos ciels nocturnes.
Un second paquet de lois sera voté par Vichy en 1942-3 pour faire face aux raids anglo-américains cette fois et aux restrictions dues aux réquisitions. Ces lois sont aussi toujours en vigueur alors que Lancaster, Stirling et autres Halifax ont eux aussi quittés nos nocturnes cieux et la Wehrmacht nos greniers.
Pour quelles raisons le maintien d'un tel black-out ?
Tout simplement parce qu'il conforte la politique sexuelle répressive du Système comme l'a clairement démontré l'apparition de classes creuses sur la pyramide des âges lors de ces 2 périodes.
En outre, l'apparition de la TV jointe à la nécessité d'envoyer les gens au lit d'assez bonne heure car ils doivent aller au travail le lendemain, dicte une telle politique qui va bien au-delà de ce qui a été imposé aux esclaves dans le temps passé. On comprend le sens de chansons populaires comme "métro-boulot-dodo" apparues justement comme par hasard juste après la guerre.
La question de la résidence individuelle
Loin de nous l’idée d’interdire à qui le veut, l’accession à la résidence individuelle, et ce d’autant plus que la société actuelle n’offre pas beaucoup d’autres choix ; mais il est important de rappeler qu’elle n’a pas toujours existée et qu ‘elle est même d’invention récente.
En effet, elle est même d’invention très récente puisqu’on ne la voit pas apparaître avant la Révolution Industrielle et l’invention des corons.
L’objectif était, pour les patrons, de diviser pour régner, de réduire la cellule familiale à son plus commun diviseur, c’est à dire le père, la mère et les enfants plus éventuellement les grands-parents.
Auparavant, les habitations étaient collectives, et ce depuis l’apparition de la sédentarisation au Néolithique. Même le remplacement du matriarcat par la patriarcat au début de l’Antiquité n’a pas changé le caractère collectif des habitations capables d’accueillir 15 à 20 personnes.
Les petites maisons individuelles que nous voyons dans le « village d’Astérix » ne sont, comme pour d’autres choses que nous voyons dans cette bande dessinée qu’une projection des « images » de notre monde actuel.
A cet égard citons le repas traditionnel et final de toute BD d’Astérix, exclusivement entre hommes (les femmes étant à la cuisine et à la vaisselle probablement.) Est-ce conscient ou inconscient de la part des auteurs, mais le fait de bâillonner et attacher le barde Assurancetourix est particulièrement symptomatique de l’ambiance sexuelle-répressive du monde actuel. Comment peut-on imaginer un repas sans musique, chants, danses et souvent aussi baise et baise collective, autrement dit orgie. D’où le terme de « gauloiseries. »
Il n’y a pas symbole sexuel-répressif pire en psychanalyse que le bâillonnement du musicien.
En effet la danse (et il n’y a pas de danse sans musique) est le rite sexuel le plus ancien que nous connaissons dont l’origine remonte au Paléolithique supérieur et peut-être même avant.)
A l’exception des appartements des villes, qui, par nature, sont de surface réduite, on n’avait jamais vu l’équivalent dans le monde rural.
Le petit pavillon individuel, qu’il soit rural ou banlieusard, que l’on présente aujourd’hui comme étant le but à atteindre pour les membres de la classe exploitée, cette résidence de « beauf » à la mentalité encore pire que celle que l’on trouve dans les HLM blêmes que chante Renaud, parce que s’y rajoute la mentalité de koulak ; est indéniablement pour nous un des aspects les plus marquant de l’ordre patriarcal autoritaire.
On ne trouve par-là même, pas de meilleures preuves de la collusion de la classe politique dominante (de l’extrême-droite jusqu ‘au parti de Staline inclus) avec le patronat puisqu’ils prônent la même chose comme but pour la classe ouvrière, ce qui vu le coût d’un tel investissement concoure à un renforcement de l’esclavage des travailleurs.
Il est intéressant de souligner, nonobstant le caractère commercial et répugnant de la TV réalité, que l’on trouve dans des émissions comme le « loft », les « colocataires » ou des films comme « l’Auberge espagnole » entre autres, l’aveu dans la jeunesse d’un rejet des « buts de vie de beauf » ainsi qu’une nostalgie de l’époque hippie et d’un certain nombre de ses valeurs. Bien que cela ne soit vécu que par procuration et que le climat sexuel-répressif actuel empêche tout passage à l’acte, ces émissions et films sont révélateurs. Dans les émissions elles-mêmes, il est facile de s’en rendre compte. Dans le « loft 1 », il a fallu 4 jours pour que Loana se décide à passer à l’acte. Dans les années 70, cela n’aurait pas demandé 4 heures. En 1996, nous n’avons pas eu d’équivalent au « 69, année érotique » de Gainsbourg-Birkin, mais les radios ont passé cette chanson en boucle.
Bien entendu, le fait de prôner des habitations collectives, n’exclue pas, loin s’en faut, le nécessaire besoin d’un espace personnel individuel que l’on trouve, certes sous une forme réduite à l’extrême, même dans les abbayes.
Conclusion
Pour MP1PM, il est clair que notre politique doit être en rupture totale avec cette vision mécaniste, inhumaine, immorale, sans espoir que sont les visions capitaliste et stalinienne (pour celles qui ont été expérimentées, pour les autres, le doute subsiste) de la société.
Marcuse qui a connu les deux époques, avant et après ces deux guerres, avait bien remarqué cet insidieux glissement, lent et à peine perceptible, d'un changement majeur dans la façon et le pourquoi, de la vie de la classe exploitée. Et encore, n'a-t-il connu de la période d'après-guerre que la vie bien meilleure de la classe ouvrière américaine où n'en déplaise à certains extrémistes (ou nostalgiques de la guerre froide), l'existence des valeurs fondatrices de la nation US fait qu'il n'y a pratiquement pas de black-out. (Cela peut être du aussi au fait qu'il n'y en avait pas non plus pendant la guerre étant donné l'absence d'aviation ennemie au-dessus du territoire des USA ?)
Rappelons d'ailleurs que le mouvement alter-mondialiste dont nous sommes proche, a percé à Seattle, capitale mondiale de la non-épilation, du groupe Nirvana et de son leader Kurt Cobain et de la culture Grunge.
A visiter à ce propos, le site H2S, www.hairtostay.com (littéralement : "ne s'épile pas") de Pamela Winter, créé en 1996, situé justement à Seattle et meilleure référence mondiale en la matière (photographique surtout).
;-)
C'est aussi à Seattle que l'on trouve les usines Boeing.
Au fait, à quoi reconnais-t-on un avion Boeing ?
- Ce sont les seuls à avoir du poil sous les ailes, à l'emplanture des ailes et du fuselage. Ouaf, ouaf !
et à quoi reconnaît-on un repas de « beaufs » ?
- Ce sont les seuls qui ne se terminent pas en orgie ! (C’est quand que vous nous invitez à dîner ?)
Retour à l'accueil
Mouvement Pour un Parti Matriarcal (MP1PM) - www.ecologielibidinale.org - Dernière mise à jour le 10 mai 2004